Stained glass window in the work of Jean Jabbour...
In Jbeil, the stained glass window in the work of Jean Jabbour
The Maronite monk-artist has developed a kaleidoscopic drawing technique unique in the world
OLJ/ by Frédéric Zakhia on 27 August 2018 (Translated by Mayda C. Samaha)
If you stroll through a beautiful summer evening in the old town of Jbeil, you will no doubt be attracted by the majestic church of Saint-Jean-et-Saint-Marc, built by the crusaders in the twelfth century, overlooking the Phoenician port. Behind the church, a beautiful well-lit garden houses since 2015 a permanent exhibition of stained glass window by Fr. Jean Jabbour. Mounted in such a way that the colors of the stained glass windows appear brighter than usual, it is difficult to miss them. By visiting the cross-building, we make a double blow.
It was in 2013 that father Jean Jabbour, a monk of the Lebanese Maronite Order and an artist in his spare time, perfected a technique of the stained-glass window he had acquired in Rome. Its innovation could well revolutionize this profane art that has become, over the centuries, a sacred art intended for decorating the windows of churches.
The stained glass window is usually a composition formed by pieces of colored glass-forming ornamental pattern or figurative design. Since the early European Middle Ages, these pieces have been assembled by lead came. This process, although still dominant today, is not the only one in use: other techniques, such as those of copper ribbon, glass slab embedded in concrete or silicone, bonding (with resins or polymers), thermoforming, fusing and free-glass stained-glass windows may be used or combined.
Father Jabbour is the author of innovation in the technique of stained glass. From an initial design, he decided to introduce, between two large transparent glass panes, colored glasses embracing the various elements of his design, by superimposing certain colors in order to obtain various shades. Obviously, after the construction of the glazing, the initial design is removed, showing a pattern or a colored landscape, entirely made up of pieces of glass, the light penetrating through several layers of glass of different colors.
In his stained glass window, Fr. Jabbour arranges between the colored glasses drawing his character or his landscape spaces or white beaches that make them look like watercolors. This gives them, according to the monk-artist, a “luminous property”, an additional luminosity characteristic of this technical innovation. This kaleidoscopic effect gives the impression that the stained glass window is three-dimensional. “It is a marriage between watercolor and painting on glass, a kind of imitation of watercolor, if you will, where glass replaces water”, explains Father Jabbour with enthusiasm, pleased to have been the first to think about this innovative technique, which has never been used before, and which is called “vitraquarelle”.
A patented technique
Last July, the Ministry of Economy and Trade patented the invention of Father Jabbour, making one of his oldest dreams a reality, which he finally realized by founding his own workshop.
In this space, he was surrounded by a team of five apprentices and workers who help him in the cutting of glass, which is done with a diamond stone. The best glassmakers in Europe, including the Saint-Gobain manufacture, hold a place of choice.
The patterns of Fr. Jabbour are assembled by iron rods, a more robust metal than lead. This is because the weight of its stained glass window can exceed 80 kilos, given the amount of glass they contain. As it is the light that is the key factor, the artist thought to arrange in alveoli, on the back of the stained glass, LED-type lights that illuminate the glass at night.
Graduated in painting from the Academy of Fine Arts of Rome and in theology from the University the Holy Spirit of Kaslik, the monk-artist devoted himself first to watercolor and frescoes, under the direction of another experienced artist, Joseph Matar, a former art professor at the Fine Arts Institute of the Lebanese University. Father Jabbour is also a lutenist: he plays the oud, which he learned to master under the direction of the great singer and composer Marcel Khalifé. “I grew up to the sound of my father and grandfather’s mejwez (oriental flute)”, he says.
Born in Bejjé (Jbeil) in 1958, Father Jabbour entered the orders in 1974, fascinated by the monastic life that his maternal aunt has embraced. He was ordained a priest in 1984. The new Saydet al Baydar church in Hsarat (Jbeil) is where this new technique flourished. You can appreciate this new art by admiring large glass windows that are as many masterpieces.
In his « Dictionnaire des artistes cotés », Christian Soriano mentions, in particular, the artistic talent of Father Jabbour. As of 2006, it states, “Humour and artistic talent have made the right reputation for this sensitive and cheerful artist who expresses himself with transparency and spontaneity”. You could not say it better.
In French:
À Jbeil, le vitrail à l’honneur dans les œuvres de Jean Jabbour
Le moine-artiste maronite a développé une technique de dessin à effet kaléidoscopique unique au monde
OLJ / Par Frédéric ZAKHIA, le 27 août 2018
Si l’on se balade par une belle soirée d’été dans la vieille ville de Jbeil, on sera sans doute attiré par la majestueuse église Saint-Jean-et-Saint-Marc, construite par les croisés au XIIe siècle, en surplomb du port phénicien. Derrière l’église, un joli jardin bien éclairé abrite depuis 2015 une exposition permanente de vitraux du P. Jean Jabbour. Montés de telle sorte que les couleurs des vitraux paraissent plus brillantes que d’habitude, il est difficile de les manquer. En visitant l’édifice croisé, on fait donc coup double.
C’est en 2013 que le père Jean Jabbour, moine de l’ordre libanais maronite et artiste à ses heures perdues, perfectionne une technique du vitrail qu’il a acquise à Rome. Son innovation pourrait bien révolutionner cet art profane devenu, au fil des siècles, art sacré destiné à orner les fenêtres des églises.
Le vitrail est généralement une composition formée de pièces de verre coloré formant motif ornemental ou dessin figuratif. Depuis le début du Moyen Âge européen, ces pièces sont assemblées par des baguettes de plomb. Ce procédé, bien qu’aujourd’hui toujours dominant, n’est pas le seul en usage : d’autres techniques, telles que celles du ruban de cuivre, de la dalle de verre enchâssée dans le béton ou le silicone, des collages (avec des résines ou des polymères), du thermoformage, du fusing et du vitrail à verre libre, peuvent être utilisées ou combinées.
Le père Jabbour est l’auteur d’une innovation dans la technique du vitrail. À partir d’un dessin initial, il a décidé d’introduire, entre deux grandes vitres de verre transparent, des verres colorés épousant les divers éléments de son dessin, en superposant certaines couleurs afin d’obtenir des nuances variées. Évidemment, après la construction du vitrage, le dessin initial est enlevé, laissant voir un motif ou un paysage coloré, entièrement constitué de morceaux de verre, la lumière y pénétrant à travers plusieurs couches superposées de verre de différentes couleurs.
Dans ses vitraux, le P. Jabbour aménage entre les verres colorés dessinant son personnage ou son paysage des espaces ou des plages blanches qui les font ressembler à des aquarelles. Cela leur donne, selon le moine-artiste, une « propriété lumineuse », un surcroît de luminosité caractéristique de cette innovation technique. Cet effet kaléidoscopique donne l’impression que le vitrail est à trois dimensions. « C’est un mariage entre l’aquarelle et la peinture sur vitre, une sorte d’imitation de l’aquarelle, si on peut dire, où le verre remplace l’eau », explique avec enthousiasme le père Jabbour, qui se félicite d’avoir été le premier à songer à cette technique innovante qui n’a jamais été utilisée encore, et qu’il a baptisée « vitraquarelle ».
Une technique brevetée
Au mois de juillet dernier, le ministère de l’Économie et du Commerce a breveté l’invention du père Jabbour, concrétisant l’un de ses plus vieux rêves, qu’il a enfin réalisé en fondant son propre atelier.
Dans cet espace, il s’est entouré d’une équipe de cinq apprentis et ouvriers qui l’aident dans le découpage du verre, qui se fait à la pierre de diamant. Les meilleurs verriers d’Europe, dont la manufacture Saint-Gobain, y tiennent une place de choix.
Les motifs du P. Jabbour sont assemblés par des tiges de fer, un métal plus robuste que le plomb. C’est que le poids de ses vitraux peut dépasser les 80 kilos, compte tenu de la quantité de verre qu’ils contiennent. Comme c’est la lumière qui en est le facteur-clé, l’artiste a songé à aménager dans des alvéoles, au dos du vitrail, des lumières de type LED qui éclairent le verre la nuit.
Diplômé en peinture de l’Académie des beaux-arts de Rome et en théologie de l’Université du Saint-Esprit de Kaslik, le moine-artiste s’est consacré d’abord à l’aquarelle et aux fresques, sous la direction d’un autre artiste chevronné, Joseph Matar, ancien professeur d’art à l’institut des beaux-arts de l’Université libanaise. Le père Jabbour est également luthiste : il joue du oud, qu’il a appris à maîtriser sous la direction du grand chanteur et compositeur Marcel Khalifé. « J’ai grandi au son du mejwez (flûte orientale) de mon père et de mon grand-père », dit-il.
Né à Bejjé (Jbeil) en 1958, le père Jabbour est entré dans les ordres en 1974, fasciné par la vie monastique que sa tante maternelle avait embrassée. Il a été ordonné prêtre en 1984. La nouvelle église Saydet al-Baydar de Hsarat (Jbeil) est l’endroit où cette nouvelle technique s’est épanouie. On peut y apprécier ce nouvel art en y admirant de grandes verrières qui sont autant de chefs-d’œuvre.
Dans son Dictionnaire des artistes cotés, Christian Soriano cite en particulier le talent artistique du père Jabbour. On peut y lire, en date de 2006 : « L’humour et le talent artistique ont fait la juste réputation de cet artiste sensible et gai qui s’exprime avec transparence et spontanéité. » On ne saurait mieux dire.