Farid Aouad - En Français
La place des Martyrs, ou place des Canons, à Beyrouth, a joué, pour Farid Aouad, un rôle mythique et fondateur. En ce lieu propice à l'observation du spectacle du monde, il a occupé, dès l'enfance, une chambre du meublé que tenaient ses parents, au début de la rue Gouraud. Il est resté attaché toute sa vie à cette géographie humaine, au point qu'installé à Paris, c'est à des lieux semblables qu'il tenta de recourir pour catalyser sa peintre, par une sorte de fixation émotionnelle.
Farid Awad est le contraire de l'artiste "professionnel". C'est un créateur. "Je produis peu", dit Aouad, à cause de mon tempérament et de mon caractère. Ma conception de la peinture me porte à une telle sévérité que j'ai constamment envie de détruire et de recommencer mon œuvre, de traiter la même toile très longuement."
Faid Awad est né en 1924 au village de Maidan (Caza de Jezzine, Liban-Sud). Il étudie à l'Académie Libanaise des Beaux-Arts (1943-1947). En 1947 il va à Paris achever sa formation à l'école Nationale des Beaux-arts durant une année, puis à l'atelier d'Othon Friesz et à celui d'André Lhote.
En 1951 il revient à Beyrouth. Et après une série d'exposition, il s'établit en 1959 à Paris tout en faisant de brèves apparitions au Liban pour y exposer ses œuvres.
Les critiques soulignent l'affinité de son art avec celui des peintres existentialistes français. Cela se manifeste dans "le choix des couleurs volontairement pauvres, révélatrices d'un pessimisme douloureux atténué cependant par quelques taches jaunes ou turquoise qui y remettent un peu d'espoir". Plus précisément, certains critiques le classent parmi les artistes du Montparnasse. En tous cas, Farid Aoud qui, durant sa vie à Paris, a connue ces dernières manifestations bizarres qualifiées d'art moderne ne s'intéresse qu'au "visible". En même temps il imprime à sa vision une sorte de lyrisme poétique.
Dans toute sa peinture il apparaît comme un de ces "chevaliers d'antan" qui durant la période intermédiaire entre l'impressionnisme et l'Art abstrait on été les derniers bastions de l'Art gréco-romain ou du classicisme académique. Lui aussi a fréquenté les bars et les a peints ainsi que les ports avec le va-et-vient des gens, et les tunnels du métro. Mais en cela il ne faisait qu'obéir à un appel intérieur.
A Beyrouth, il s'accroupissait à même le sol, au Souq an-Nouriyyé (marché aux légumes) et il dessinait l'ensemble de la scène, le port, les gens et les choses. Ses couleurs étaient pâles, évanescentes, comme s'il les avait frottées avec un bout d'étoffe mais elles étaient l'expression d'un tempérament romantique.
A Paris, sa vision, ses couleurs et ses lignes on dû s'harmoniser avec un style de peinture déterminé qui met en relief l'aspect dynamique du monde, grâce à une interprétation sentimentale à base de réminiscences et de sensations.
Sur le plan de la sensibilité, la peinture de Faird Aouad se rattache au réalisme lyrique et romantique. En même temps son coloris donne lieu à un combat d’un genre unique avec la couleur blanche capable d'animer comme de tuer un tableau. Car Awad s'entête à vouloir domestiquer la couleur blanche, à l'incorporer à toutes les autres. Il est persuadé qu'elle est la plus adéquate pour donner à la toile un cachet romantique et musical. Autrement dit, il veut faire de la couleur de base dans laquelle il incruste les autres.
Cette expérience durera peut-être toute sa vie. Mais une chose est certaine: il ne reviendra pas en arrière. En outre il tient avant tout à la construction parfaitement équilibrée de la toile (Parmi ses expositions à l’étranger : Galerie Cazenave à Paris en 1964 ; Salon « Réalités Nouvelles à Paris en 1964 et 1965 ; Sulsbach-Murr, en Allemagne en 1969.)