Présentation du Frère André durant la messe souvenir, en la fête de St Marcellin - Champville, 5 juin 2021
Présentation du Frère André durant la messe souvenir, en la fête de St Marcellin - Champville, 5 juin 2021
Bienvenue à chacune et à chacun de vous, en particulier aux anciens élèves du Frère André [F.A.].
Nous avons presque tous lu la très aimable lettre du Frère Provincial, Frère Juan Carlos Fuertes, du 11 mai 2021, sur le F. André Delalande. Premier enfant d’une famille chrétienne, pieuse et nombreuse, il est né à Flottemanville-Hague, près de Cherbourg, en Normandie, au nord de la France, le 14.01.1918. Il est décédé calmement, à 103 ans, dans son lit, à Jbeil (Liban), dialoguant avec les Frères de sa communauté à son chevet, le samedi 01.05.2021, après avoir continué, plus de 40 ans, d’exercer son apostolat mariste dans cette ville de Byblos.
En reprenant certains passages de cette lettre, nous allons signaler juste quelques points complémentaires, glanés çà et là dans des conversations avec le F.A. et avec ceux qui l’ont connu. Et ainsi, contribuer à rendre grâce au Seigneur des dons du Saint-Esprit accordés au F.A. Notamment, parmi les sept dons : le don d’intelligence, le don de science spirituelle et le don de piété. Ces dons que le F.A. a pu si bien rayonner par la cordiale qualité de ses relations humaines.
Le don d’intelligence s’était déjà manifesté dès ses jeunes années, en trois phases progressives. À 10 ans, Jean-Baptiste — c’était son prénom de famille — a éprouvé un spirituel attrait particulier, en réponse positive à une circulaire de proposition missionnaire au Proche-Orient ; circulaire diffusée en France à des familles nombreuses, qu’avait rédigée un Frère mariste, précédemment directeur d’école à Achkout (Liban)… Lequel Frère avait ensuite accompagné Jean-Baptiste, l’année suivante en 1929 à titre d’essai, de sa Normandie natale, au foyer de formation mariste, à Baïro, près de Turin, en Italie.
Pendant cinq ans, en plus d’un très net succès scolaire, il a ainsi pu discerner sa vocation, y adhérer et s’y engager jusqu’à la fin de son noviciat, en 1934, où, comme c’était alors la coutume chez les religieux, il avait reçu un nouveau prénom, et s’appelait, depuis, Frère André. Et 1934 était l’année même de son arrivée, en groupe, au Liban, à 16 ans.
Ce don d’intelligence s’est largement développé durant les deux années à Amchit, par les cours académiques, religieux et maristes, suivis avec les autres jeunes Frères venus aussi de France.
Cependant, en parallèle, F.A. se cultivait ardemment par de nombreuses et diverses lectures supplémentaires, vite intégrées et durablement retenues.
Après ces deux années, et bien avant des diplômes universitaires, F.A. a été nommé, en 1936, au Collège mariste du Sacré-Coeur, à Jounieh. Donc, à 18 ans, et durant les dix premières années de sa longue et même carrière, F.A. a été professeur des seules sections à Jounieh de Seconde, Première et Philosophie : en religion, littérature française, histoire et géographie, et philosophie en philo.
Plus tard, F.A. a été aussi, pendant huit ans, professeur au Secondaire dans les débuts de Champville, de 1969 à 1977, après le transfert du Collège, de Jounieh à Dik el-Mehdi. Tous les anciens élèves du F.A. se rappelleront son attachante personnalité dans les deux annotations suivantes.
Ses cours étaient soigneusement préparés et solidement documentés. Toujours debout, ses feuilles à la main, devant le tableau à utiliser, F.A., par son regard bienveillant, gardait un très bon contact avec l’ensemble de ses élèves. Il avait un langage adapté, clair et méthodique, avec une remarquable facilité de parole et un exceptionnel talent de savoir présenter et raconter, intéresser et émerveiller.
Et cela, tout au long de sa vie. Vraiment, F.A. était doué !
Don d’intelligence, certes, et aussi don de science spirituelle, qui s’est surtout approfondi durant les mois d’été, à ses 45 et 47 ans. Six mois intensifs passés à la célèbre École biblique de Jérusalem, avec de grands maîtres internationaux, des pères dominicains.
Depuis, F.A. était devenu un spécialiste, au Proche-Orient, de l’interprétation de la Bible, se tenant constamment à jour, en se procurant les livres récents de différents auteurs sur ce sujet.
Bon connaisseur de l’Ancien Testament, il avait pratiquement mémorisé tout le Nouveau Testament, les Évangiles et les épîtres, dont il pouvait citer, par coeur, des références exactes de chapitres et de versets, dans ses cours de religion et de formation mariste, dans ses réponses écrites et même dans des conversations à caractère religieux.
C’est ainsi qu’il était arrivé à harmoniser les inspirations du même Esprit saint dans les Saintes Écritures, spirituellement assimilées, et dans la Tradition de la foi de l’Église, par le développement historique de sa doctrine chrétienne.
Ce même équilibre intérieur s’est également déployé par le merveilleux don de piété du Saint-Esprit. Voilà un éminent intellectuel, très près des textes et de leurs explications, touché par la grâce évangélique de Jésus, doux et humble de coeur. Le rencontrant intimement : à la messe matinale, dans les psaumes de l’office communautaire, aux heures d’adoration personnelle à la chapelle, et en compagnie de Marie dans les mystères du Christ, revécus avec amour et gratitude au chapelet quotidien.
Et cette rencontre mariste de Jésus se retrouvait dans toutes les relations humaines du F.A. Avec la simplicité de son tempérament, avec son humour jovial et son sourire ineffable, F.A., doté d’une vaste culture, se sentait toujours à l’aise avec les personnes de tout âge et de toute condition.
Religieux de proximité et de présence, autant avec les adultes et les jeunes, que les malades et les enfants, F.A. irradiait un coeur pacifié et attentionné, se manifestant par son affabilité relationnelle habituelle.
En action de grâce au Seigneur : Pour tous ces dons et pour le témoignage de la longue et belle vie du Frère André, gloire soit au Père et au Fils et au Saint-Esprit. Amen, Alléluia.
Frère Jean-Claude Robert
Collège Mariste Champville
Samedi 5 juin 2021