Frère André Delalande par Michel Rouvière - 2021
Frère André Delalande par Michel Rouvière - 2021
Encore un mot sur le Frère Mariste André Delalande.
Il faut noter sa spiritualité éducative mariste. Dans ma dernière publication comme première réaction, je terminais par sa « gloire pour l’Eglise et le monde ». Certains pourraient y voir une simple hyperbole d’une rhétorique d’oraison funèbre. C’est pourquoi je reprends la plume.
Souvent au Liban on met au plus haut point l’éducation avec en particulier les collèges privés religieux. Au sommet on place les Jésuites. On aurait tendance à considérer les autres ordres comme second. Sans être expert sur toutes les variations spécifiques de chaque pédagogie, je voudrais m’attarder sur ce qu’il me semble avoir découvert chez les Maristes en côtoyant le Frère André Delalande. Il en fut l’incarnation de la formation pédagogique pendant toute sa vie.
Il y a une manière d’éduquer qui consiste à discipliner la volonté juvénile et impétueuse par la contrainte d’une volonté plus grande du supérieur. Alors l’enfant se modèle suivant le modèle. Sa personnalité se comprime comme un ressort. Au risque d’ailleurs d’éteindre la générosité naturelle de la jeunesse. Certains allants plus loin, y voient un sens caché. On dit même que le but ultime secret serait que le caractère explose à l’adolescence au moment des terminales en une sorte de révolte révélant une personnalité de premier éclat. Comment ne pas se souvenir des personnages sortis des collèges Jésuites ! L’Emir Béchara Khoury, Cheik Bachir Gemayel, j’ajouterai même Fidel Castro et Emmanuel Macron. En cherchant un peu dans les biographies disponibles on peut en trouver bien d’autres. Cependant je constate aussi que ces personnalités furent bien souvent en révolte contre leurs formateurs ; est-ce bien naturel ? Est-il nécessaire de terminer une éducation en étant anticlérical, en quelque sorte « la mort du père » ? Personnellement je préfère le « dépassement ». Je me sens mal à l’aise devant l’ingratitude. Je suis gêné d’entendre réflexions narquoise par des anciens élèves. On sent une tentative maladroite d’une émancipation inachevée.
En fréquentant les anciens élèves des Frères Maristes avec le Frère André Delalande je n’ai jamais entendu une réflexion amère. Bien au contraire on vient rappeler les bons souvenirs. On y amène la génération suivante en souriant. Il fallait voir l’attraction des élèves vers le Frère André durant les courtes récréations dans la cour de l’école de Byblos. Etait-ce un manque de maturité ? Je ne le crois pas car nous retrouvions ces attitudes même en dehors du collège dans les activités professionnelles.