Article by Nohad Salemeh - English - French
Article by Nohad Salemeh
The strangeness of a universe peopled with mythical characters, centaurs, sorcerers adjoining a space filled with a bric-à-brac of numbers, signs, bits of machinery, disjointed elements; it is the fusion of science and of fiction, or perhaps an imposition of the rational in order to fix the irrational, to give it concrete form. Assadour proposes a journey to us that is beyond our geographical presence, outside the space in which we live and beyond even the space in which we dream; it is a voyage that cuts us off in a fabulous interval where time and duration are excluded, an expedition that forms the artist's central knot of legend and defines him as the geometrician of the third space.
Assadour is an artist who thinks his dream but who equally dreams his reflection. In this sense, his almost narrative symbolism set in the context of improvised tales covering the surface of his canvas – this symbolism is rather in the spirit of legend, whereas his rather cerebral subject matter brings a fresh viewpoint to the science of interrogation and this in the context of psychoanalysis. Indeed, Assadour attempts to pursue the dream, to seize it and sew it together again the better to reconstitute it in all its deceptions and its surprises. There is, too, a new vision where technique is concerned; in his watercolors, notably, the passage from geometric touches (squares, spheres, demi-spheres) to more fluid brush-strokes that dissolve in winding coils. Far from masking the linearity, the color reinforces it and along with the tenderness of the forms brings expressiveness and rigor. With all its intermediate range of pinks, blues and grays, the color creates new legendary and lyrical “traps” here and there by virtue of its very fluidity. In other words, the line resulting from a synchronization of the felt and the thought renounces its tension to dissolve into a lyric dimension; and the touches of color displayed in all their poetry seem to take on a precise function: to render beautiful these randomly gathered materials, these discarded objects, the debris waiting to be reconstituted that fills Assadour's work and has its own name: scar tissue of a city.
Article par Nohad Salemeh (Français)
L'étrangeté d'un univers peuplé de personnages mythiques, de centaures, de sorciers… voisinant avec un espace empli d'un bric-à-brac de chiffres, de signes, de bribes de machines, d'éléments déboîtés! Fusion de la science et de la fiction, ou peut-être, imposition du rationnel pour fixer l'irrationnel, le concrétiser. Toujours est-il que cet itinéraire que nous propose Assadour hors de notre présence géographique, hors même l'espace auquel nous rêvons et celui dans lequel nous vivons ce voyage-là qui nous intercepte dans un intervalle fabuleux d’où temps et durée se trouvent exclus – forme le noyau légendaire du graveur et le définit comme un géomètre du troisième espace.
Assadour est un artiste qui pense son rêve mais qui, pour autant, rêve sa réflexion. Dans ce sens-là, sa symbolique, presque narrative, inscrite dans le cadre de contes improvisés couvrant la surface de la toile, relève davantage de l'esprit de légende. Tandis que sa thématique, plutôt cérébrale, apporte à la science de l'interrogation une optique nouvelle, et ce dans le cadre de la psychanalyse. En effet, Assadour tente de poursuivre le rêve, de le capter, de le recoudre pour mieux le reconstituer dans toutes ses déceptions et ses surprises. Une optique nouvelle au niveau de la technicité: passage, notamment, dans les aquarelles, des touches géométriques (carrés, sphères, demi-sphères…) aux touches fluides se dissolvant dans les méandres. Loin de masquer la linéarité, la couleur la renforce, lui conférant, au sein d'une tendre morphologie, expressivité et rigueur. La couleur avec toute sa gamme de rose, de bleu, de gris intermédiaire… crée, çà et là, par l'effet de sa fluidité, de nouveaux « pièges » légendaires et lyrique. En d'autres termes, nous dirons que la ligne – résultat d'une synchronisation du « senti » et du « reflechi » -- renonce à sa torsion pour se dissoudre dans une dimension lyrique. Et les touches coloristiques étalées avec poésie, assument, semble-t-il, une fonction précise: l'esthétisation de ces matériaux de récupération, de ces objets au rebut, ou de ces débris à reconstituer qui meublent la toile d'Assadour et qui ont nom: cicatrice d'une ville!