Vice-président de l'Université Américaine Docteur en Chimie, peintre.
L'Université Américaine de Beyrouth fut fondée par Daniel Bliss avec l'accord de l'Etat de New York, le 24 mars 1863.
Dans la période qui a suivi, l'Université s'est développée de la manière suivante:
- Faculté des Sciences et Arts en 1866
- Faculté de Médecine en 1867
- Faculté de Pharmacie en 1871
- Faculté de Commerce en 1900
- Ecole des Infirmières en 1905
- Faculté d'Art dentaire en 1910
- Faculté d'Architecture et de Génie en 1951
- Faculté d'agronomie en 1952
L'enseignement est donné en anglais; la langue arabe est secondaire et réservée a certaines disciplines.
Eminent homme de science, doublé d'un fin artiste, Samir Tabet a abordé dans ses écrits et œuvre scientifique des couleurs et des thèmes artistiques qui passionnent les hommes de lettres et les peintres libanais contemporains.
Les Tabet constituent l'une des plus anciennes et des plus illustres familles maronites du Liban. L'aïeul, Ibrahim Tabet est originaire de Akoura (Caza de Jbeil). Il est le descendant de l'Emir Yacoub Al-Maradi Al-Akoury, ancien gouverneur du pays durant 25 ans. Signalons à cette occasion que l'Emir Yacoub est le neveu du premier patriarche maronite Saint-Jean Maron.
Ses fils, d'après l'éminent historien Mgr Louis El-Hachem, vinrent s'installer à Saida d'abord, puis à Deir El-Kamar et à Bhamdoun. Vers l'an 1686, ses petits-fils vinrent à Beyrouth. Ils rendirent d'éminents services à la communauté maronite dont le chef de file était Mgr Toubia Aoun, archevêque maronite de Beyrouth.
La famille Tabet compte parmi ses membres des religieux, des hommes politiques, et des éducateurs.
Parmi les personnalités les plus en vue de la famille Tablet: Mgr Germanos Tablet, demi-frère du patriarche Youssef Tyan, né en 1775, ordonné prêtre le 20 février 1789, sacré évêques le 15 mai 1800, décédé le 17 juin 1883. Il était également l'archevêque maronite de Jbeil et de Batroun.
Mgr Paul Tabet, premier Nonce Apostolique oriental, le Père Jean Tabet, recteur de l'Université Saint-Esprit (Kaslik).
Le Dr Ayoub Tabet qui fut président de la République libanaise, la regrettée Zalpha Chamoun, épouse de l'ancien chef de l'Etat, Monsieur Camille Chamoun, Georges Bey Tabet, ancien ministre et député, Emile Tabet, ancien député du Mont-Liban, le poète et médecin Habib Tabet, Naoum Tabet, Selim Bey Tabet, le Dr Ibrahim Pacha Tabet, Khalil Pacha Tabet, Khaled Elias Tabet, ancien premier responsable libanais de l'Enseignement secondaire à l'Université Américaine, Samir Tabet vice-président de l'A.U.B. et enfin Joy Tabet conseiller juridique à l'Assemblée nationale libanaise.
Vie et enfance
Samir Tabet est né au Caire en juillet 1923. Son père Khalil Tabet Pacha, originaire de Deir-el-Kamar, était rédacteur en chef du quotidien Al-Mokattam et sénateur du Parlement égyptien; sa mère, Emma, était la fille de Chahine Makarius, co-fondateur du Mokattam et de la revue Al-Moktataf.
Apres une éducation au Lycée français du Caire Samir Tabet continue ses études universitaires en Grande-Bretagne. Il obtient une licence en géologie en 1947, une en chimie en 1948 et un doctorat en 1951 de l'Université de Londres. C'est en Angleterre que le "h" fut introduit dans le nom Tabet pour satisfaire aux besoins phonétiques du bureau d'inscription. Les articles scientifiques dans le domaine de la chimie micro analytique apparaissent donc sous le nom de Thabet. En 1950 il épouse Yvette Mirshak qu'il avait rencontrée à Londres en 1948.
De 1951 à 1952 il travaille comme chimiste à la raffinerie Shell à Suez, poste qu'il quitte en protestation pour le traitement réservé aux non-britanniques. Il repart pour un stage à Paris et c'est de là que Kamal Junblat le fait venir à Beyrouth en décembre 1952 en consultation pour un projet de cimenterie à Sibline. C'est en faisant des analyses à l'Université Américaine de Beyrouth qu'il reçut une offre pour enseigner la chimie et en février 1953 il est nommé assistant professeur de chimie. En 1969, il devient Doyen de la Faculté des Arts et des Sciences, en 1970 il devient vice-président de l'AUB. En 1975 et en 1982 il préside deux comités qui ont pour mission de planifier l'avenir de l'AUB.
Il est père de deux garçons, Cherif et Karim et d'une fille Ama.
Tout au long de sa carrière estudiantine il porte un intérêt profond au dessin et à la peinture et suivit des cours dans différentes écoles et académies à Paris, Londres et Florence. Attiré par l'art du portrait, il comble ses vides par des natures mortes qu'il appelle "ses natures mourantes". Son style est classique. Pour lui la peinture est une affaire très sérieuse qui ne devrait être entreprise que dans le respect de la tradition et du métier. Il déplore le manque de critères dans les manifestations artistiques, phénomène qui d'après lui a faussé les donnés de l'art et dérouté les non-initiés.
En ce moment il s'intéresse au problème de la créativités artistique et scientifique. En 1973 il est reçu au Rotary Club de Beyrouth dont il devient le présidente en 1979.
A part la peinture et un répertoire très limité au piano, il collectionne les objets de fouille, s'initie à l'art d'être grand-père et prépare sa retraite.
Le centenaire de l'Université Américaine de Beyrouth 1866-1966
Les manifestations socioculturelles qui se sont déroulées durant l'année 1966-1967 à l'occasion du centenaire de l'Université Américaine de Beyrouth revêtent un cachet particulier.
En effet, mille délégués représentant toutes les grandes universités mondiales furent invites à l'occasion de ce centenaire.
Parmi les éminents penseurs, recteurs et hommes de lettres qui prirent part à ces manifestations, René Maheux, directeur de l'Unesco, les recteurs de l'Université de Harvard et d'Oxford, les représentants de la presse arabe et internationale, les géants de la littérature arabe contemporaine, la saga libanaise et d'autres personnalités politiques de tout le Proche-Orient.
List of A.U.B. Presidents 1866-1982
Bliss, Dr Daniel: 1866-1902
Bliss, Dr Howard: 1902-1920
Nickoley, Prof. Edward F: 1920-1923 (Acting President)
Dodge, Dr Bayard: 1923-1948
Penrose, Dr Stephan: 1948-1954
Zurayk, Dr. Constantine: 1954-1957 (Acting President)
Leonard, Dr Paul: 1957-1961
Burns, Dr Norman: 1961-1965
Kirkwood, Samuel B. :1965-1976
Cowan, Dr James W. :1976-1977 (Acting President)
Hoelscher, Dr. Harold E. : 1977-1981 (June)
Dodge, David: 1981-1982 (Sept.) (Acting President)
Kerr, Dr Malcolm: 1982
Dans une de ses déclarations portant sur l'Université Américaine, Monsieur Samir Tabet a dit notamment:
"Les options de base qui caractérisent notre politique universitaire de l'année 1982-1983 sont des options propres à l'A.U.B. et qui sont l'âme et l'identité. Je pense essentiellement à notre souci de pluridisciplinarité et à notre exigence de formation globale pour chacun de nos étudiants quel que soit son choix de spécialisation. Je pense également à cette recherche d'identité et à ce souci d'humanisme sans lesquels il n'y a pas de véritable rapport universitaire. Je pense enfin à cette vision de "campus" comme un lieu de liberté de pense et d'expression, le seul endroit ou chacun serait formé à critiquer, à oser librement une analyse et un jugement mais aussi à savoir écouter et donner à l'autre le droit à la réponse et à un jugement différent.
"Quant aux étudiants, ajoute le vice-président Tabet, ils ont le choix de leurs unités de valeurs suivant leurs goûts et leurs besoins en tenant compte évidemment d'un souci de cohérence qui doit lier les éléments de ce choix. Ce souci de formation globale est d'ailleurs fortement accentué chez nous, car dans le système libéral américain, la formation générale et les activités de campus sont aussi fondamentaux que les données d'une spécialisation".
Evoquant les valeurs humaines dans le monde d'aujourd'hui, Monsieur Samir Tabet écrit notamment:
"Il fut un temps où un vent de folie avait soufflé internationalement sur le monde de l'éducation faisant de la spécialisation le seul critère. La capacité de communiquer, d'échanger, de transmettre semblait secondaire; ceci parait dépassé. On revient à des valeurs humaines, à un sens de l'engagement et de l'implication. Il n'est pas question de transmettre un système américain mais essentiellement de le modifier en l'adaptant à la nature du Libanais et à ses besoins dans une période précise qui est celle de l'après guerre avec toutes les difficultés qu'elle engendre."
Conclusion
Travailleur acharné, Samir Tabet, grâce a un dynamisme et à une vitalité remarquable a acquis durant son mandat à l'Université Américaine une très grande influence dans les milieux éducationnels et artistiques.
Il se fit connaître par ses portraits auxquels il a accordé tant d'attention et de créativité. "L'art ne peut plus vivre à part, déclare-t-il, il doit être pénétré d'éléments empruntés à la science. Il faut qu'à sa manière il porte témoignage de nos connaissances et rende hommage à la vérité. C'est dans ce sens qu'on peut parler de la mission sociale de l'Art".
Le vice-président de l'A.U.B. a toujours cultivé l'art pour lui-même. Il cherche dans ses toiles l'essence d'une objectivité d'un naturel. Parmi ses toiles les plus réussies celle de "Sitt Zalpha" la regrettée épouse du président Camille Chamoun.
Disons enfin que Samir Tabet se révéla un éducateur admirable, accueillant et aimable. Il a abordé dans ses conférences les maux sociaux de notre pays, la multiplicité des idéologies, le rôle de la science dans le monde contemporain