Biographie:
Choucrallah Fattouh est né en 1956 à Monsef, village côtier du caza de Jbeil au Mont-Liban. Après des études secondaires dans son village natal, il s'inscrit à l'institut des Beaux-arts de l'Université Libanaise dont il obtient le diplôme en 1983.
Depuis, il s'est adonné à la peinture et il a présenté ses œuvres dans de nombreuses expositions collectives et personnelles.
En 1995, il est reçu comme sociétaire du Musée Sursock où il est invité à exposer annuellement au Salon d'Automne.
Plusieurs collectionneurs libanais et étrangers ont acquis des tableaux de Fattouh pour enrichir leur collection. Cela, sans oublier des entreprises et des administrations importantes dont les toiles de Fattouh agrémentent les locaux.
Expositions au Liban
Depuis 1985 Choucrallah a exposé dans plusieurs galerie et lieu notamment: Galerie Chahine, Galerie Portfolio, Galerie Bekhazi, Galerie Station des Arts, Rizk Plaza, Club d'Amchit, Festival Hamra, Festival des Attractions Naher el Kalb, Chambre du Commerce et de l'industrie, Citadelle de Tripoli, Park Hotel Chtaura, Galerie Graffiti, Escalier Nicolas Sursock, Faraya Mzaar et d'autres...
Expositions à l'Etranger
Depuis 1990 Choucrallah à visiter plusieurs Pays et à exposer notamment: Nicosie, Paris, Abou Dhabi, Amman, France, Angleterre, Limasol et d'autres...
Fattouh, ou le Génie Spontané
"Homme libre, toujours tu chériras la mer"... là où la Méditerranée vient lécher les galets d'une petite crique de Héloué, Fattouh se dresse, tel un phare, illuminant la peinture libanaise contemporaine. Il ne faut point chercher dans les salons mondains de la facilité la silhouette du peintre. Fattouh ne peint pas pour plaire.
Dans son univers multidimensionnel, l'irruption du génie emplit les yeux et les âmes de couleurs mouvantes, filles d'une inspiration heureuse et d'un enracinement dans cette terre du Liban, vue dans sa pureté originelle. Chez lui, les sujets et le style ont surgi d'un même sursaut. Fattouh est un poète du paysage. Une fois son pinceau posé sur la toile, l'éclosion et l'ordonnancement du tableau se font dans une alchimie où volumes et couleurs s'harmonisent au point de se fondre en un chant qui monte du tréfonds de soi. Car Fattouh semble peindre de l'intérieur. Ses montagnes, ses vallées, ses maisons accrochées à flanc de coteau, ses collines, ses ciels, ses arbres respirent la sérénité et une grande quiétude. Comme il abandonne contour et volume et leur substitue la lumière, ces fragments de Liban acquièrent une existence onirique. L'agressivité de ses rouges, la tendresse de ses bleus, la sensibilité de ses ocres, la mouvance de ses jaunes, le déferlement de ses verts métamorphosent la réalité, quelquefois à grands coups obliques, d'autres fois en touches superposées et diluées dans une lumière bleutée, souvent en un kaléidoscope de formes à la fois figuratives et rêvées.
Mais Fattouh n'est point le peintre d'un seul style. Sa personnalité multiple s'exprime dans plusieurs registres: les montagnes et les villages du Liban ne sont pas - loin s'en faut - ses seuls points d'ancrage. Il est aussi le chantre de la ville, dans ce qu'elle a de conquérant et d'agressif. D'ailleurs, quand il peint la ville, il abandonne ce style feutré et souvent paisible qui caractérise ses paysages, de même que ces couleurs sereines. Brusquement, les contours se font nets; les immeubles jaillissent sur la toile, dans une explosion minérale et quasi-instantanée. Le haut des bâtisses envahit l'espace et le regard inquiet plonge dans ces vallées urbaines où les monstres de béton sont plantés comme des poignards. Il y a dans ces tableaux comme un appel. Au secours?
Comment oublier la Méditerranées, cette mère nourricière? Curieusement, il la voit face au littoral, dos tourné vers le large. Ce n'est point le poète d'occasion, les yeux rivés vers un quelconque soleil couchant. La mer, oui, mais unie au rivage et a un rivage animé, envahi par l'urbanisme. Ainsi, cette admirable esquisse d’Ain-El-Mreissé, où palpite toute la nostalgie de nos rêves évanouis. Saida et Tripoli, ces deux reines phéniciennes, sont aussi appréhendées à partir du large, dans la lumière crue de cet Orient proche.
La femme est aussi un élément primordial de l'art de Fattouh. Seule ou en groupe, elle fascine, trouble ou apaise, mais elle demeure insaisissable, comme le bonheur. La femme de Fattouh est un fantôme, souvent aux formes généreuses, quelquefois épurée comme un Klimt, toujours sans visage, fantôme qui hante nos songes improbables.
Si l'on devait qualifier d'un mot la peinture de Fattouh, on choisirait "liberté", cette éclatante liberté qui crée un univers transfiguré. De même, l'authenticité de son âme et la puissance de son inspiration donnent à cet artiste une dimension qui réconcilie l'art et l'homme nouveau libanais, né sur les décombres de nos désillusions.
Mourad Jammal
Color as communication and feeling by Moussa Doumit
In a country such as Lebanon, with scarce art resources and public funding, it is reassuring to see that art has been able to survive. Despite the lack of royal academies or a national art gallery combined with a lack of public funding for distinguished talents or acquisition programs for public buildings, even the most remote villages in Lebanon have been able to produce aspiring artists; artists committed to what some believe is the call. Choucrallah Fattouh, is one such artist destined to pursue this call.
I have had the pleasure of knowing Choucrallah Fattouh and have had the opportunity to observe his work and witness his rapid success as an artist. Like most artistically gifted children, Choucrallah Fattouh expressed an interest in art at a very early age. He gives credit to his mother for recognizing his interest and talent and for encouraging him to pursue a career in art.
Apart from the few courses he has taken in design and drawing at a technical school, Choucrallah Fattouh did not study art until he entered university at the age of 23. He chose art instead of the practical filed of engineering; and painting became his primary preoccupation. The result of this preoccupation with art has led to an impressive record of his one-man exhibitions, both in Lebanon and abroad.
Choucrallah Fattouh's stylistic approach has changed several times since we first met years ago. Fattouh began by painting large color field canvases and later produced landscapes of charming villages and colorful slopes. He has also painted semi-abstract nudes using a palette knife and hard brushes. His most recent work reflects a long standing interest in abstracting nature and architecture, and reducing them into blocks and bold colors.
Fattouh attempts to paint what he feels and communicates this in color, what he calls color in harmony and balance. But there is also line and space in his work, which transcends the viewer into a wonderful field of colors.
On a personal level, I admire artists who work with several media, styles and techniques; but as an art critic, the long years in this field have taught me to search for a certain direction in the artist's work, a focus which carries the artist's personal signature. Choucrallah Fattouh's latest paintings, reproduced in this portfolio, proudly bear his signature and will share with you his focus, communicated through his colors.
- Moussa M Doumit is the Former Director (retired) of the North Carolina Museum of Art.