actors

Ahmed Khalifé

Actor and director

Abu el-Abed of Beirut

Understanding a people with its ambitions, entering into its soul, its genius, and its dreams, all this means going deep into its attitudes, habits, customs and usages, into its language and legends, its faith, its gods, its songs and even its self-mockery.

Is it possible, for example, to separate the French soul from the troubadours of France, its music, its chansons de gestes, Roland at Roncevaux, the story of Renard the Fox, its marionettes, Marius and Alix, the magic potion with the Gauls Asterix and Obelix, Tintin, its musketeers, its castles and its myths?

In France, Castile, Scotland, Russia or anywhere else, the soul of a nation is to be found in its heritage of traditions and stories all handed down. And the same is true of Lebanon, this great country, which finds its expression in its ways, its history and its deeds.

How many figures, personalities and actions have developed and become symbols and then realities, a part of the heritage, and have imposed themselves with their individuality, their style, their presence and their aura!

There are for example the Hakawati, the story-tellers, their craft being to use their great powers of imagination, their wide range of stories and legends, and their ability to improvise. People in their hundreds would surround the story-teller and listen to him while he enflamed their imagination, moved them deeply and even brought tears to their eyes. First he might have read fortunes in the grains of coffee cups and in shells, entertained his village, enlivened its evenings, until he created a certain aura around himself, an individual personality and style, with a command of language, mimicry, movement, expression, voice and tonality, and a certain distinctive dress, the kombaz, long robe fastened across the front and held by a broad cummerbund of silk or tafta, often striped, round his middle, a tarbush on the head, a staff in the hand, and a distinctive way of walking and holding himself. Then he would be seated in one of the coffee-shops of Beirut, notably in the district of Basta, a mainly Muslim area in West Beirut, stretching from the central Martyrs’ Square along the sides of the old tramway to Barbir and Mazraa.

There were personalities also created by the press or by popular tradition such as Abu Tannous, Abu Khalil, Fenianos, le Zir, Abu Leyla el Hilal, and Abu Melhem, each with his particularity and his fans.

The name Abed is the diminutive of Abdallah, meaning the Servant of God, or of other names meaning Servant of the Most Generous, the Unique, the All-Powerful, and so on. Our famous Abu el-Abd was the pseudonym of Ahmad Khalifeh, born in Beirut in 1947, and growing up typical of the surroundings he lived in, a chief, a popular leader, a notable, at a time when there was neither electricity, nor TV, nor the present urban planning, nor rapid communication. Beirut, and especially Basta, was an agglomeration living in an atmosphere of calm, serenity, and the grace of God.

As a child Ahmad moved about in this atmosphere of kindness, simplicity, brotherhood, and good humor, paying attention to all that went on. At school he took part in the plays and comedies and suchlike activities, and finally imposed himself as an actor with roles in the various plays put on in Beirut. He gave himself heart and soul to the theatre of which he was so passionately fond. By 1960 he had acquired considerable popularity and was much loved by his public. By now there was television in Lebanon, and he was offered a role in the series Abu Abed in Beirut, telling stories about life and its incidents at that time in the city. It was a great success and Ahmad became better known by his name in the title role than by his real name. Over the years he took part in many plays and became such a well-loved figure that many important commercial enterprises and clothes factories wished to make use of his name for their TV advertising.

Abu el-Abed was not the kind of intellectual or qualified professional who would play Hamlet or act in the plays of authors like Becket. He just had a genius for representing his milieu, the world of his relatives, friends and neighbors in Beirut as they really lived with their simplicity, naivety, and homely relationships. He gave himself wholeheartedly with all his art to his profession and imposed his personality on Basta Beirut, becoming a sort of trademark, a style, which scores of lesser actors tried to imitate, taking advantage of his popularity. He also entered the world of cinema, taking part in several films produced by the famous Rahbani family and by others.
Ahmad Khalifeh passed away early in 2009, leaving behind him a heritage marked by his breath, his originality and his whole way of life for his country Lebanon and for the world beyond.

Joseph Matar - Translation from the French by Kenneth Mortimer

In French: Abou el Abed, le Beyroutin par Joseph Matar

Comprendre un peuple, ses ambitions, sa vision, percer son âme, son génie, errer dans ses rêves sa poésie, chercher profondément dans ses mœurs, habitudes, us et coutumes, son langage ses légendes, ses dieux, sa foi, ses chansons, ses mimiques mêmes etc…

Peut-on isoler l’âme Française par exemple de ses: troubadours, de sa musique, des chansons de gestes, Roland à Roncevaux, et autres, le roman de renard, des ses marionnettes, de Marius et d’Alix, de sa potion magique et de ses gaulois Astérix et Obélix, Tintin ou des ses BD, de ses mousquetaires, de ses château, de ses mythologies...

En France, en Castille, en Ecosse ou en Russie ou ailleurs… l’âme des nations se dégage de cet héritage de traditions, contes, patrimoine… et au Liban aussi, ce grand pays, ce continent en ses mœurs, son histoire ses faits etc...

Que de figures, de personnages, de faits… ont évolué et sont devenus symboles, réalités, patrimoine… et se sont imposés tels, avec leur individualisme, leur style, leur présence, leur aura.

Le ‘Hakawati’ (le raconteur d’histoires) par exemple, c’était un métier, celui d’un homme qui a de l’imagination et qui connaissait trop d’histoires, de légendes, des faits et quelquefois qui improvisait. Les gens se pressaient par centaines autour de lui, l’écoutant, enflammant leur imagination, troublant leur émotion, laissant couler leur larmes… le métier du Hakawati était généralisé, les liseuses dans les tasses à café ? les coquillages, les griots de village, les animateurs de soirée, jusqu’au jour où une de ces figures a pu créer autour d’elle une ‘aura’, un ‘labo’, un individualisme, une particularité, un genre, quelque chose de vraiment typique dans le langage, les gestes, la mimique, les mouvements, les expressions, la tonalité, la voix, les costumes et vêtements (Kombez) sorte de robe avec une ceinture sur les hanches en soie ou tafta, et souvent rayée, le tarbouche, sa marche, tenant souvent un ‘piston’ (canne), ou narguilhé, dans les cafés de Beyrouth (le père du domestique de Dieu le beyrouthin). J’aime bien préciser que, par Beyrouthin, je vise le seul quartier de ‘Basta’, c'est-à-dire une agglomération musulmane de l’ouest de Beyrouth allant de la place centrale de martyrs suivant les deux côtés de la rue du ‘Tramway’ jusqu’à Barbir ou Mazraa.

Il y a eu d’autres personnalités représentatives aussi créées par la presse ou les gens telles : Abou Tannous, Abou Khalil, Fénianos, le Zir, Abou Leyla el Hilal, Abou Melhem. Chacun avait son originalité, ses fans, …

Le mot Abed est le diminutif de Abdallah ou le domestique de Dieu… et ses dérivés le Généreux, l’Unique, le Tout Puissant…

Notre illustre Abou el Abd est le pseudonyme de Ahmed Khalifé né à Beyrouth en 1947 et qui résumait ‘les chefs de quartiers, le leader populaire, le notable’ c’est-à-dire le milieu où il a vécu, dans un temps où il n’y avait ni électricité, ni TV, ni urbanisme actuel, ni la vitesse dans les communications, Beyrouth, et Basta en particulier, était une agglomération vivant dans le calme, la sérénité et les dons de Dieu.

L’enfant Ahmad évoluait en cette atmosphère de toute bonté, simplicité, fraternité, bonne humeur et observait tout ce qui se déroulait ; à l’école déjà, il participait dans les pièces de théâtre, les comédies et les activités… ainsi il avait réussi à s’imposer comme acteur et à être présenté comme acteur jouant des rôles différents dans les pièces jouées à Beyrouth. Il s’y donna corps et âme à sa passion sur les planches, il acquit une popularité et fut aimé du public en 1960. Il y avait la TV au Liban, on lui proposa alors un poste, il devait jouer dans une pièce ‘Abou Abed el Beyrouthi’ qui raconte les événements et la vie à Beyrouth à l’époque et ce fut une grande réussite, le nom du l’héros de la pièce l’emporta sur son vrai nom. Il joua des dizaines de pièces durant des décennies, et devint une figure de grande popularité à tel point que plusieurs grandes sociétés, usines de vêtements, etc … voulurent exploiter son nom dans leur publicitée télévisé.
‘Abou el Abed’ n’était pas cet intellectuel ou universitaire qui prétendait jouer Hamlet ou Becket ou autres… il avait le génie d’exprimer son milieu, sa localité ses parents, amis, voisins de Beyrouth dans leur vie quotidienne, leur simplicité, naïveté, relation etc.. il a donné toute son âme, son art, dans le jeu et à imposé à Beyrouth Basta sa personnalité, il est devenu une marque déposée, un style à tel point que des dizaines de petits acteurs cherchaient à l’imiter, à abuser de sa popularité.

Dans le cinéma aussi, il a participé dans plusieurs films réalisés par les illustres Rahbani et autres.

Ahmed Khalifé est décédé ce début de 2009 laissant un héritage marqué par son souffle, son originalité, sa vie… à sa nation le Liban et au monde.

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