Les enfants artistes de SOS Villages
Tom Young, artiste britannique vivant au Liban, s'est investi auprès d'enfants dans le besoin, soutenu par l'Ambassade britannique, pour une vente de charité dont les bénéfices reviennent à l'association SOS Villages.
Tom Young est engagé depuis 2010 auprès de l'association SOS Villages pour donner des cours d'art (dessin, peinture et même trombone!) à des enfants Libanais dans le besoin dans quatre de leurs centres. En Octobre, il a réuni 16 d'entre eux pour un tableau géant appelé "Haida Lubnen", réalisé en quatre jours dans le SOS Village de Bhersaf, dans le Metn, "J'anime depuis 2010 des ateliers artistiques pour ces enfants", raconte l'artiste. "L'ambassadeur britannique au Liban Tom Fletcher est venu à mon exposition à la Villa Paradiso et j'ai pu lui parler d'un projet plus important". Enthousiaste, ce dernier lui a permis d'exposer quelques unes de ses toiles et le travail des enfants à l'Ambassade britannique afin d'organiser une vente de charité. Tom Young a ainsi pu réunir entre 15 et 16.000 dollars pour aider à financer le sponsoring des jeunes pris en charge par l'association et également pour agrandir un centre à Ksarnaba dans la Bekaa pour inclure les enfants syriens à la population libanaise déjà accueillie.
Derrière le geste charitable de Tom Young se cachent des motivations plus intimes: "Ces enfants Libanais, orphelins ou abandonnés, sont laissés de côté des aides du fait de la situation d'urgence que traverse la population refugiée syrienne au Liban, donc c'est ma manière de compenser. De plus, j'aime travailler avec SOS Village car c'est une organisation laïque qui transmet des valeurs fortes aux enfants. Mon rôle dans tout ça, c'est de leur permettre de s'évader, et de laisser libre cours à leur talent, pour certains très prometteur!". Il s'estime très chanceux d'être soutenu ainsi par l'ambassadeur de son pays, qui est même venu assister à la réalisation de "Haida Lubnen". "Lors de l'exposition, les quatre meilleurs artistes du groupe sont venus, ce que je trouve formidables car ils ont pu voir que leur travail ne sert pas à rien, qu'ils peuvent à leur niveau faire quelque chose de bien et choisir leur vie." Environ 250 personnes sont venues rencontrer l'artiste, les enfants et leurs toiles, dont le représentant des Nations Unies. "J'ai cette chance de pouvoir être payé pour mon art, ce qui me permet de financer de nouveaux projets et d'aider encore plus les enfants, qui eux m'apprennent en retour, c'est un cycle très positif", sourit l'Anglais. "Cela permet aussi aux apprentis artistes de s'exprimer, de transformer leur peine en quelque chose de beau."
Une vision engagée de l'art
"C'est la responsabilité d'un artiste de s'intéresser et de s'engager envers la société", estime-t-il. "Notre travail est solitaire, mais indirectement connecté à la société qui nous entoure. A nous de construire un pont, une dynamique entre les deux! Pour moi, l'un des meilleurs moyens de contribuer à la société est de travailler avec des enfants qui en ont besoin, et à niveau personnel cela me permet de donner à ce pays qui m'a accueilli et m'a tant donné. Il m'a fait changer de regard sur le monde, ouvert le cœur, donné de multiples opportunités... C'est un moyen de la remercier." Cet amoureux du Liban à d'ailleurs été impressionné par la créativité des jeunes, qui ont réussi sur une toile de 5 mètres de long à transcrire tous les paradoxes, la beauté et le chaos du Liban.
Tom Young est actuellement en train de discuter avec l'Ambassade britannique et l'institut français pour l'organisation d'un grand projet avec les enfants refugiés syriens de la Bekaa. L'année prochaine, il devait également travailler sur le media vidéo, "qui me permettrait d'atteindre une audience internationales et de transmettre un message sur l'urgence de la situation locale".
Agenda Culturel numero 457, 2013 / 2014