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Restauration des peintures murales de l’église médiévale St Théodore de Behdaidat

Agenda culturel, 2013

Le projet de conservation des fresques de l’église St Théodore de Behdaidat (casa de Jbeil) est achevé et sera inauguré vendredi 13 septembre 2013 en présence de M. Gaby Layoun, ministre de la Culture.

Description des fresques

L’église de Behdaidat (caza de Jbeil) date du XIe siècle et est classée sur la liste des monuments historiques nationaux depuis 1966. Elle comprend l’ensemble le plus complet de peintures murales médiévales du Liban. Ces fresques, qui ont orné l’église au XIIIe siècle, représentent des thèmes de l’Ancien et du Nouveau Testament. D’un point de vue iconographique, elles témoignent de la riche tradition d’ornementation des églises de la montagne libanaise à l’époque des Croisades. Le décor peint recouvre l’ensemble de l’abside: Au centre dans la conque, le Christ en majesté est entouré des symboles des quatre évangélistes, la Vierge et St Jean-Baptiste. Sous la conque sont peints debout les douze apôtres et quatre évangélistes. Sur le sommet de l’arche de l’abside sont représentés les mains de Dieu, Moïse recevant les tables de la Loi, le sacrifice d’Abraham ainsi que le Christ Emmanuel entouré de la personnification de la lune et du soleil. Au bas de l’arc de part et d’autre de l’abside, une Annonciation figure l’Archange Gabriel et la Vierge. Sur les parois de la nef, deux grands panneaux montrent d’une part St Théodore, à qui l’église est dédiée et d’autre part St Georges, tous deux représentés à cheval.

Etat de conservation des fresques et interventions

C’est à l’initiative d’Isabelle Doumet Skaf, directrice de la Société Conservation SARL, et sous la supervision de la Direction générale des Antiquités et avec l’accord du Diocèse maronite de Jbeil, que le projet de conservation de ce patrimoine unique a vu le jour au courant de l’année 2009.

Au début des travaux de restauration, l’état de conservation des peintures murales était alarmant en dépit des efforts fournis pour assurer l’étanchéité de la toiture et empêcher les infiltrations d’eau. La couche picturale était très fragilisée par des efflorescences salines et les détails de la surface étaient dans certaines parties complètement masqués par un voile blanc de calcite, résultant de l’écoulement d’eau sur les parois internes de l’église durant de longues périodes. L’altération des vernis et cires appliqués au fil des années et les comblements de lacunes au ciment avaient également largement contribué à l’assombrissement des décors, jusqu'à les rendre illisibles par endroits.

Les interventions ont consisté au nettoyage manuel (bistouri, tourets, brosses etc.), au nettoyage chimique avec des solvants organiques, à la consolidation des supports par injection, au traitement des micro-organismes, des sels solubles pulvérulents et des sels insolubles formant un voile blanc ainsi qu’au traitement des incrustations calcaires. L’étanchéité de la toiture a également été entièrement refaite ainsi que le rejointoiement complet de la façade pour réduire les infiltrations d’eau et assurer la protection à long terme des peintures se trouvant dans l’église.

60 m2 de peintures couvrant l’abside et les panneaux se trouvant sur les murs latéraux de l’église ont été traités. Une documentation graphique et photographique détaillée a été effectuée. Elle constituera une base de données précieuse pour les recherches à venir. Des analyses de mortiers et de pigments ont été effectués afin d’obtenir des informations supplémentaires sur les techniques anciennes utilisées par les peintres locaux à l’époque médiévale. A titre d’exemple, la polychromie des fresques malgré la palette de couleurs très limitée (5 couleurs de base : noir charbon d’origine végétale, blanc à base de chaux en poudre, hématite (rouge) oxyde de fer, vermillion (rouge) pigment artificiel produit à base de sulfure de Mercure, Jaune ocre naturel) démontre une grande maîtrise de la technique exécutée par superposition de glacis et de mélanges de couleurs. Le résultat de ces analyses pourra être utilisé à l’avenir comme référence pour des recherches relatives à d’autres peintures murales de la même période se trouvant dans des églises du Liban et de Syrie. Une partie des résultats du projet est déjà publiée dans BAAL (Bulletin d’archéologie et d’architecture libanaises, 2009 Volume 13, Direction Générale des Antiquités).

Financement et exécution

Le projet a pu être mené à bien grâce à des fonds octroyés par la Fondation A.G Leventis basée à Chypre, l’ambassade des États-Unis à Beyrouth (United States Ambassadors Fund for Cultural Heritage) l’association Philippe Jabre, Carol et Antoine Kareh, Alice et Roger Eddé ainsi que La société Conservation SARL qui a également assuré la gestion du projet. L’ICCROM (Centre international pour la conservation des biens culturels) est également partenaire du projet dans le cadre du programme ATHAR dont l’objectif est de protéger et promouvoir le patrimoine culturel dans la région arabe.

L’équipe de travail était constituée de trois conservateurs et restaurateurs italiens : Giorgio Capriotti, Caterina Michelini Tocci et Sylvia Tribolati et de quatre conservateurs / restaurateurs libanais : Isabelle Doumet-Skaf, Nathalie Hanna, Badr Jabbour Gedeon et Ghada Salem.

Film documentaire

Un film documentaire de 50 minutes relatant les différentes phases du projet et son impact sur la communauté du village ainsi que sur l’interprétation iconographique des fresques a été réalisé par Zeina Sfeir et sera présenté lors de l’inauguration de l’église.

Patrimoine vivant

Aujourd’hui, l’église, occasionnellement visitée par des touristes, est principalement un lieu de culte quotidiennement fréquenté par les habitants du village ; à cet égard elle peut être considérée comme le symbole d’un patrimoine vivant, où traditions, rites et coutumes se perpétuent dans un site historique exceptionnel symbole d’un patrimoine culturel encore préservé.

Itinéraire village de Behdaidat

Quitter l’autoroute du Nord au niveau de l’échangeur de Jbeil. Prendre à droite quelques mètres et puis au feu de signalisation prendre à gauche la route intérieure qui est parallèle à l’autoroute du nord.

Il y a 5 à 7 mn pour arriver jusqu’ à la bifurcation du village de Eddé (grande pancarte). Prendre cette route qui grimpe en montagne et continuer vers Behdaidat après Eddé en suivant les panneaux de signalisation. Le nom du village est écrit en petit et en arabe donc il faut un peu d’attention. Mais c’est correctement signalé. Il faut entre 15 et 20 minutes de voiture de la route côtiere jusqu’au village.

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