Objets de parcours: Omar Rajeh

Chorégraphe de danse contemporaine, fondateur de Maqamat Theatre Dance et initiateur du rendez-vous annuel BIPOD (Beirut International Platform of Dance), Omar Rajeh a une approche rationnelle du mouvement. Ses performances sont en rapport avec l'actualité sociale. C'est de son environnement et de sa culture qu'il puise les gestes et les émotions...

Myriam Ryzk

Le Crayon

"J'inscris chacune de mes performances avec un crayon, de couleur précise, je n'aime pas le changer en cours de route... ca m'angoisse"

Au début de son parcours, Omar aurait essayé divers chemins avant d'arriver à sa destination finale, la danse. Il se voyait travailler dans le domaine scientifique, l'art n'avait pas sa place dans le monde qu'il dessinait jusqu'à ce qu'il soit happé par la danse. Il intègre les cours de dabké dans les classes secondaires. A l'université, il s'inscrit en graphisme à l'AUB, alors qu'il se destinait à la physique. Et après 9 mois de cours, il abandonne le graphisme pour se joindre à la troupe Caracalla et s'inscrit en parallèle en cours de théâtre à l'université libanaise. Il aurait alors mélangé toutes les couleurs, dessiné plus d'un schéma.

Le Corps

"Je ne suis pas intéressé par comment le corps bouge, mais par ce qui fait bouger le corps". (Pina Baush)

Après son mastère de danse obtenu de l'Université de Surrey en Angleterre en 2002, il présente sa première performance à Beyrouth, "Beyrouth jaune". "Je n’apprécie plus les spectacles qui consistent à montrer l'étendue des prouesses acrobatiques des danseurs". Il fonde cette même année le Maqamat Theatre Dance et enchaîne les performances "Guerre aux balcons" (2003), "Mental Masturbations" (2004), "Concerto 13" (2006). Omar Rajeh prépare en ce moment une performance coproduite par des festivals en Hollande, Ivry et Budapest, dans laquelle il associe le corps à la langue, notamment ici à la typographie arabe. Il montre en quoi le corps est inhérent à la langue pratiquée. Son étude se porte sur le parallélisme entre la présence et/ou l'annulation du corps et la force du langage. Il fait référence dans ce spectacle aux assassinats des journalistes libanais en 2006, notamment à l'assassinat de Samir Kassir.

L'Ordinateur

"L'ordinateur est notre hard disc externe, il est lié à notre cerveau, impossible de nous séparer"

Le studio de Maqamat Theatre Dance est logé au moins 5 d'un immeuble à Hamra. C'est dans cet ancien dépôt que les chorégraphies prennent forme et ou Omar affine ses notes et ses sketches. Toutes ses idées sont ensuite retranscrites dans des fichiers informatiques. "Tout est là, c'est le seul objet qui contient l'historique de mon travail, entre ce qui a été fait et ce qui est à entreprendre... il faut d'ailleurs que j'y mette un peu d'ordre".

Agenda culturel - no. 333 du 29 Octobre au 11 Novembre 2008