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Mashallah News, l’information alternative du monde arabe

Fondé en novembre 2010 à Beyrouth par cinq journalistes et designers sur plusieurs pays, Mashallah News est un média en ligne qui souhaite traiter l’information du monde arabe en donnant une image différente des grands médias internationaux. L’équipe est à l’origine du livre ‘Beyrouth, chroniques et détours’ publié aux éditions Tamyras.

Une vingtaine de villes couvertes dans le monde arabe, une trentaine de contributeurs composés de journalistes, traducteurs, photographes et correcteurs : Mashallah News est d’abord un réseau conséquent de personnes motivées et engagées à diffuser l’information autrement. En novembre 2010, Clément Girardot et Isabelle Mayault, Françaises, Jenny Gustafsson, Suédoise, et Micheline Tobia, Libanaise, se sont réunis pour fonder Mashallah News, en partenariat avec Ismaël Abadallah, Franco-libanais et également co-fondateur, Martin Maeder et Adeline Senn, Suisses, tous trois basés à Genève et dirigeant l’entreprise de design AMI. Depuis, Isabelle Mayault est partie mais a été vite remplacée par Sophie Chamas, Libanaise, et Ella Wind, Américaine. Tous, malgré leurs différences géographiques et culturelles, étaient frustrés par la couverture médiatique du Proche-Orient. “On constatait la différence entre ce qui se passe réellement et l’information disponible sur la région, notamment sur l’absence de sujets sur la scène culturelle, de nombreux articles nous étaient refusés, et on passait des soirées à se raconter nos colères passagères”, explique Micheline Tobia. “On s’est dit qu’il valait mieux commencer quelque chose de différent, de nouveau, sur internet”.

Leurs thèmes de prédilection ? La culture, l’art, les changements urbains, les droits de la femme et de l’Homme, “avec un accent sur les histoires personnelles, sur la vie de tous les jours de ces gens que l’on croise au quotidien, loin des clichés et avec une grande part d’intimité. Tous nos contributeurs sont des gens qui connaissent très bien les villes sur lesquelles ils écrivent, afin de rester loin des stéréotypes”, précise la co-fondatrice. “Nous travaillons également avec de nombreux correcteurs, afin de rester le plus professionnel possible. Ce n’est pas un blog, c’est un média professionnel !” Et ce malgré le plurilinguisme : les articles sont en effet en arabe, en anglais et en français, parfois traduits dans une autre langue. “Concernant la zone géographique, nous avons inclus Istanbul et Téhéran, inséparables du reste de la région arabe, et plus récemment Erevan, la capitale arménienne, car on ne peut nier l’influence de cette culture”.

Le début d’une nouvelle aventure

Une recette à la fois sérieuse et diversifiée qui a atteint son objectif : plus de 400 articles publiés depuis le début de l’aventure, et un premier livre tout juste paru aux éditions Tamyras. “’Beyrouth, chroniques et détours’ est né grâce aux designers d’AMI en Suisse, qui ont reçu une bourse du Fonds cantonal d’art contemporain”, décrit Micheline Tobia. “Nous avons discuté et nous nous sommes demandés si nous allions donner un sujet sur plusieurs villes, ou une ville avec plusieurs sujets”. Finalement, c’est la seconde solution qui l’emporte : “Beyrouth nous semblait un choix logique car c’est là que tout a commencé, et où se trouvent le plus de contributeurs, sans compter qu’une personne de l’équipe est toujours présente ici. Nous avons lancé un appel aux contributeurs en ligne en été 2012, puis pendant cinq semaines en automne dernier les designers nous ont rejoints à Beyrouth afin de découvrir la ville, prendre des photographies, etc. Il était important qu’ils puissent se connecter à la ville, qu’ils s’impliquent ! Ils ont fini par s’approprier une certaine image de Beyrouth, qui s’exprime au travers de la carte dessinée qui se trouve au début du livre.” Mais au-delà d’un premier travail de cette ampleur, ce qui était important lors de la réalisation de l’ouvrage selon Micheline se trouve dans “la liberté, la créativité, le but c’est de s’amuser et d’essayer”.

Forts de cet essai d’un genre nouveau pour Mashallah News, la petite équipe souhaite désormais aller plus loin, au travers notamment d’un projet de publication d’une série de fictions illustrées dans les semaines à venir, et de la recherche de financements pour pouvoir sortir du bénévolat et développer leur activité.

Propos recueillis par Florence Massena - Agenda Culturel Mai 2014