Maison des arts et de la culture: un projet en cours
Les résultats du concours international lancé pour la construction de la Maison des arts et de la culture ont été annoncés. Apres une première sélection de 388 projets, sur 757 inscriptions d'architectes venant de 63 pays, c'est Alberto Catalano d'Italie qui a remporté le 1er prix, Beatriz Ramo Lopez de Angulo des Pays-Bas le 2ème prix, et le 3ème prix a été remis au bureau moscovite Project Meganom.
Les plans retenus pour le projet Maison des arts et de la culture seront réalisés dans la zone du centre-ville, quartier Ghalghoul, sur une parcelle de 3 785 m2. Le programme architectural du centre comprend: un auditorium de 800 places, une salle de spectacles polyvalente de 300 places, une salle de cinéma de 200 places, des espaces d'exposition, des salles de répétition, de cours et de production, une médiathèque, une cinémathèque, des bureaux et des espaces commerciaux. L'espace consacré à la production artistique et culturelle devra totaliser 15 200 m2 de construction. La finalisation du projet est prevue pour 2013.
Membres du jury: Momoyo Kaijima, architecte (Japon). Izaskun Chinchilla Moreno, architecte (Espagne). Magda Mostapha, architecte (Egypte) – rapporteur du jury: Okwui Enwezor, architecte (Nigeria) . Suha Ozkan, architecte (Turquie) – Président du jury: Said Al Barashdi, représentant du Sultanat d'Oman. Fréderic Husseini, représentant du ministère de la Culture. Assem Salam, représentant de l'Ordre des ingénieurs et architectes du Liban. Angus Gavin, représentant de Solidere.
L'Agenda Culturel a demandé à Georges Zouain, Gaia-Héritage, chargé par le ministère de la Culture de concevoir et de piloter le concours d'architecture, de nous expliquer pourquoi une Maison des arts et de la culture était importante actuellement pour Beyrouth.
Pourquoi une Maison des arts et de la culture a Beyrouth?
Lorsque le Sultanat d'Oman a offert de financer la construction d'un centre culturel à Beyrouth, nous mettions les dernières touches au musée national de Salalah. Nous avons alors été pressentis pour contribuer à la conception de ce centre et, dès le début, nous y avions vu le premier élément d'une série d'équipements culturels que nous avions imaginés dans une stratégie culturelle pour la ville de Beyrouth. Cette stratégie, développée en 2005, aura ainsi servi de base à la définition du concept de ce centre culturel que nous avons transformé en la Maison des arts et de la culture: un incubateur de créativité et des équipements mis aux services des artistes et de tout le public libanais; une fenêtre de plus sur le monde pour échanger et présenter l'art libanais.
Cette Maison des arts et de la culture est un acte politique au sens le plus noble du terme. Elle contribue à renforcer et à stimuler ce que le Liban à de mieux à offrir et à sa plus importante richesse: l'esprit et la création. En ce sens, elle s'adresse d'abord aux jeunes et participe à la recomposition positive du paysage social et culturel du pays. Elle participera aussi certainement à la vie économique de Beyrouth et des industries de la création qui ont toujours donné au Liban son rôle international.
Cette Maison des arts devra oser entreprendre, être à contre-courant et à la marge des discours traditionnels et des conventions artistiques de la société libanaise. Elle défrichera et ouvrira de nouveaux chemins et offrira des opportunités nouvelles à un plus grand nombre de jeunes créateurs sans toutefois chercher à remplacer les initiatives privées qui continuent à éclore et qui font que le Liban est actuellement dans les premiers rangs de la créativité contemporaine. Mais il est des choses que l'initiative privée ne peut pas entreprendre. Les grands équipements culturels ont besoin de financements lourds et doivent offrir un éventail de programmation complexe qui s'adresse au plus grand nombre. La Maison des arts, avec sa gamme de salles de spectacles, ses studios de formation et de production, sa médiathèque et ses espaces d'exposition, assumera la fonction de diffusion et de service public que le secteur public ne peut maintenir sur le long terme.
La prochaine étape de la Maison des arts va consister en la définition de son programme culturel, de son mode fonctionnement, son statut, de son cadre de personnel et aussi, particulièrement, en sa mise en réseau avec les structures similaires dans le monde. Ceci se fera en même temps que sa mise en réseau avec des structures régionales capables de diffuser l'art et la créativité dans tout le pays. L'art et la culture ne doivent plus rester l'apanage de Beyrouth si nous voulons que le Liban renaisse, se recompose et redevienne un des centres mondiaux de la créativité.
Beaucoup d'ambitions pour une Maison des arts et de la culture, mais c'est la première du pays et il faudra bien commencer quelque part pour que la jeunesse du pays participe à son devenir. Comme le dit une poésie, c'est en marchant que l'on trace son chemin.
Georges S. Zouain – Gaia Heritage - Par Agenda culturel no. 344 du 01 au 14 Avril 2009