Christie's continue sur sa lancée à Dubaï
(Agenda culturel no. 291 du 24 Janvier au 6 Février 2007)
Suite au succès de l'année passée, Christie's renouvelle son aventure en organisant, les 31 Janvier et 1er Fevrier 2007, deux ventes aux enchères à Dubaï: montres anciennes bijoux, suivie d’art contemporain. Cette dernière vente comprend les oeuvres d’artistes du Moyen-Orient, d’Iran, d’Inde, ainsi que d’artistes occidentaux. Cette année, les pays arabes représentés sont plus nombreux, avec des artistes du Maroc, d Algérie, de Tunisie, de Libye, d’Egypte, du Soudan, d’Irak, du Liban, de Syrie, d Arabie Saoudite, de Bahreïn et des Emirats arabes unis.
Deux oeuvres d Abdul Kadir Al-Rais, l’un des plus prometteurs artistes des Emirats arabes unis ouvre le bal avec Yesteryear 1995 (estimation entre 40.000 - 60.000 USD) qui s'inspire de l’ancienne architecture arabe, ainsi qu'avec une toile abstraite de 2006 (estimation 25.000 - 35.000 USD).
Le Liban
La section libanaise comprend des toiles des valeurs sûres de la peinture avec deux toiles de Chafic Abboud, Projet de tapisserie, 1966 (estimation 25.000 - 35.000 USD) et une composition en bleu de 1961 (estimation 18.000 - 22.000 USD); deux oeuvres de Paul Guiragossian, Les Fiançailles et Autour de l’enfant (chacune estimée à 35.000 - 45.000 USD), ainsi que des oeuvres de Hussein Madi, Amine el-Bacha, Hugette Caland et Assadour. Viennent s’ajouter à cette liste les jeunes espoirs avec Bassem Geitani, Hannibal Srouji et Nabil Nahas.
La Syrie, l'Afrique du nord et l’Irak
La peinture syrienne reste aux yeux des organisateurs l’une des plus intéressantes du Moyen-Orient. On retrouve parmi les toiles des artistes syriens, les oeuvres des artistes décédés Louay Kayli, Fateh Moudarres, Nasser Chaura et Mahmoud Hamad. Par ailleurs, la cuvée 2007 offre des oeuvres de Sabhan Adam, Youssef Abdelke et Safwan Dahoul.
La Tunisie est bien représentée avec trois oeuvres de Nja Mahdaoui, dont l'une dépasse les deux mètres de longueur Calligraphie Abstraction (estimation 40.000 - 60.000 USD), ainsi que des toiles de Hatem al-Mekki, Ahmed Hajeri, Rafik El-Kamel et Guider Trikki, avec une céramique de Khaled ben Slimane appelée à faire grand effet.
Parmi les oeuvres marquantes de la vente, deux excellentes toiles du Libyen Ali Omar Ermes, Alif Succoon (estimation 55.000 - 75.000 USD), et surtout Meem Tha Alif (85.000 - 100.000 USD) une toile de 250 x 150 cm, évoquant la calligraphie arabe.
Le groupe égyptien comprend une oeuvre spectaculaire intitulée Répandre la volonté de Dieu (estimation 100.000 - 120.000 USD) d'Ahmed Moustafa qui, à la première vente de 2006, a battu les records pour une toile d’un peintre arabe. Nous retrouvons aussi Ragheb Ayad, l’un des pionniers de la peinture égyptienne, et le Dessin de Nubie (1960) de Effat Nagui (25.000 - 35.000 usd). Les artistes actuels sont représentés par Farghali Abdel Hafiz, Gazbia Sirry, Omar El Nagdi et Farrouk Hosny.
Dans cette vente, les oeuvres de peintres irakiens comprennent quatre toiles de Dia Al-Azzawi, deux datées de 1990 et deux rares de la période de 1970, un portrait de Suad Al-Attar. Les oeuvres d'Ismail Fattah et de Khaled Rahhal complètent la section irakienne.
Une cinquantaine de peintres arabes dont neuf libanais donneront aux 500 acheteurs attendus l’occasion de comparer leur travail avec celui de leurs collègues iraniens, indiens et occidentaux. Cette vente aux enchères, nous l’espérons, pourrait devenir annuelle ou même semestrielle. Menée par la célèbre maison de vente aux enchères Christie's, avec sa sélection rigoureuse et impartiale, la vente permettra de situer la cote de nos peintres, mais surtout de leur donner l'occasion de mieux se connaître. Elle permet d'ores et déjà au public arabe de reconnaître la place que la peinture devrait occuper.
Ces ventes encourageront la création non seulement des galeries d'art, mais aussi de musées d'art contemporain qui manquent cruellement dans notre région.
Pour nous Libanais, nous avons le sentiment amer que ces ventes auraient dues avoir lieu à Beyrouth si nous avions respecté nos spécificités et abandonné ces quêtes de pouvoir aussi meurtrier qu'inutile. Mais ne boudons pas notre plaisir. A la fin de ce mois, une cinquantaine de nos peintres recevront cette reconnaissance à laquelle ils aspirent et que leurs pays respectifs ne leur offrent pas, englués qu'ils sont dans des luttes d'un autre âge. Merci a Christie's, merci à Dubaï, et donnons-nous rendez-vous pour bientôt à Beyrouth. Inchallah!