Art Dubai: Entretien avec John Martin. Cofondateur et directeur d’Art Dubaï
Les grandes manifestations artistiques se multiplient aux Emirats arabes unis. Pour le mois de Mars, le Salon d’art contemporain Art Dubaï se tiendra du 19 au 22 à Madinat Jumeirah.
Lancée l’année dernière sous le nom de Gulf Art Fair, la foire avec sa nouvelle identité a sélectionné moins de 10 % des 400 galeries qui se sont présentées. Parmi les 70 retenues, figurent Agial Art Gallery et la Galerie Sfeir-Semler.
Durant cette manifestation, le Global Art Forum est organisé pour permettre à des artistes, commissaires d’exposition, directeurs de musées, venant d’horizons différents d’avoir des échanges sur le marché de l’art dans notre région. De plus, l’espace Art Park, dédié à l’art expérimental et à l’art vidéo, rassemblera les œuvres d’artistes de renommée internationale. Enfin, le Pakistan sera à l’honneur. Un pavillon rassemblera 11 de ses artistes qui y exposeront leurs œuvres sous le thème « Desperately Seeking for Paradise ».
De passage à Beyrouth, John Martin a exposé, lors d’une conférence de presse à la Galerie Sfeir-Semler, l’importance de la présence de cette foire d’art contemporain dans la région. Nous nous sommes entretenus avec lui afin d’en savoir plus sur le mode de fonctionnement de ce salon, ainsi que sur les répercussions qu’il a sur le marché de l’art et sur la région.
Quels sont les objectifs d’Art Dubaï?
Le but d’Art Dubaï est d’organiser un salon d’art contemporain de haut niveau au Moyen-Orient, susceptible d’attirer les principales galeries internationales.
En attirant une clientèle ciblée, composée de collectionneurs, de conservateurs de musées et de la presse, nous offrons aux galeries locales l’occasion de montrer le niveau atteint par l’art au Moyen-Orient. Au moment où la région entreprend une série de projets culturels de première importance, le Global Art Forum, organisé parallèlement au salon, permettra un débat et un échange fructueux d’idées.
Quel est le profile des collectionneurs attendus a Art Dubai?
En 2007, Art Dubai (appelé à l’époque Gulf Art Fair) a attiré plus de 9000 personnes, aussi bien de nouveaux visiteurs des galeries que des collectionneurs sérieux et avertis, tant privés qu’institutionnels. Les œuvres exposées offriront une large palette allant de la Chine à l’Amérique latine, avec un éventail de prix de quelques milliers de dollars à plus d’un million. Ces caractéristiques donnent aux visiteurs une opportunité rare de voir sous un même chapiteau un échantillon aussi vaste d’art contemporain. Cette année, Art Dubai attirera des visiteurs du Moyent-Orient, mais aussi d’Inde, du Pakistan, d’Europe, des Etats-Unis, ainsi que d’Extrême-Orient.
Quelle forme de collaboration avez-vous cette année avec FIAC?
La collaboration avec la FIAC, Paris, est très importante. Cette collaboration offre aux collectionneurs un accès à chacune des foires, ainsi que l’occasion à Art Dubai et au Global Art Forum d’éclairer et d’approfondir la connaissance de l’art de cette région au niveau international. Cette année, la FIAC à Art Dubaï consacre une après-midi pour analyser les relations culturelles existantes entre Paris et le monde arabe, à travers les nombreux artistes de la diaspora qui ont élu domicile dans la ville lumière. Par la suite et durant la prochaine édition de la FIAC en Octobre, une journée sera conacrée au Global Art Forum d’Art Dubaï permettant de familiariser l’opinion internationale avec les indéniables talents qui existent au Moyen-Orient.
Considérez-vous que la « surcote » que pourraient pratiquer certaines galeries des pays émergeants face à des acheteurs d’un pays très riche tel que Dubaï déséquiliberait-elle les marchés locaux?
J’espere que nous n’aurons pas à faire à cette pratique. En sélectionnant les galeries à inviter, nous nous assurons que chacune d’elles à une solide réputation de qualité et d’intégrité vis-à-vis du public. Pour s’assurer que les prix sont justes et justifiés, le comité de sélection effectue des inspections régulières. Les galeries qui haussent la cote d’un artiste le feront face à de nombreux collectionneurs importants, de conservateurs de musée et de la presse. Par ces pratiques, elles démolissent leur réputation et risquent de ne plus être invitées à participer les prochaines années. Il est essentiel que les nouveaux collectionneurs se sentent en confiance avec un grand choix d’œuvres et de prix. Pour cela, des conseillers d’art indépendants sont présents à la foire pour les orienter avec objectivité.
Sur le marché actuel de l’art contemporain en plein boom, le travail de certains artistes est très demandé d’où une augmentation de la cote de ces artistes. Nous encourageons les galléries à présenter des jeunes talents, afin qu’Art Dubaï soit une véritable opportunité pour découvrir des jeunes artistes talentueux, spécialement du Moyen-Orient et du Sud asiatique. Ainsi, loin de déstabiliser les marchés locaux, je crois qu’Art Dubaï aidera les acheteurs à comprendre la grande valeur des artistes locaux.
En consacrant une place importante aux artistes de la région, les Emirates arabes unis auraient, en quelque sorte, boucler la boucle de la représentation artistique internationale, et rattraper en pleine marche le train des identités.
A.C.
Agenda Culturel, no 318 du 5 au 18 Mars 2008, p.31