Artist-painter Ibrahim Serbai

Ibrahim serbai naquit en 1865 à Ain el Mreisseh, un quartier maritime de Beyrouth. Il fréquenta les écoles de la ville et étudia la peinture à "l'École du Sultanat Ottoman" à Bachoura. Il décéda en 1931.

D'une famille sunnite conservatrice, il fût influencé par les peintres orientalistes, les miniatures ottomanes et perses et surtout par la précision topographique des militaires turcs venus en mission à Beyrouth. Il peignit les sites, les paysages, la mer et les portraits de riches notables de la ville. Avec lui s'institua "l'École Marine" beyrouthine à l'instar de "l'École Marine" ottomane. Elle est composée d'une pléiade de peintres locaux, autodidactes, ayant vécu et étudié la peinture à Beyrouth ou à Istambul.

En sus de Serbai, il y avait Hassan Tannir, Ali Jammal, Dimachkié,Toufic Tarek, Mohammad Said Merhi, Nagib Békhazi et Salim Haddad. Ces artistes ont marqués notre peinture nationale pendant plus d'un demi siècle, entre la fin du XIXème et le début du XXème.

Michel Fani dans son "Dictionnaire de la Peinture Libanaise", considère que Mostafa Farroukh et Salah Lababidi peuvent être considérés comme les échos de cette école. "L'École Marine de Beyrouth" est aussi nommée par certains "l'École Sunnite de Beyrouth", vu que la majorité de ses membres sont musulmans de confession sunnite, vivant à Beyrouth. Ces artistes et à leur tête Serbai, illustrent une peinture picturale, figurative, sereine, envoutante et soignée, voire minutieuse, anxieuse de méticulosité. Elle rejoint les plans et les photographies militaires soucieux de moindre détail, donnant ainsi une dimension de réalité, rivalisant avec la photographie. Les couleurs sont sobres, ni criardes ni vives, rien d'éclatant, plutôt réelles, puisées du modèle lui même. Les clairs obscurs ont valu à cette peinture son charme, son raffinement, son harmonie, la saveur et la suavité orientales. Ce qui a poussé Farroukh, dans sa fameuse conférence de 1947 au "Cénacle Libanais" de déclarer que la peinture de Serbai le rappelait celle de Canaletto. Certains peintres de "l'École Marine" étaient engagés socialement et politiquement et traitaient les évènements historiques dans le contexte de l'époque.

Serbai s'était intéressé à la période de la première remise en état des temples de Baalbeck, surtout qu'il avait peint le site auparavant, vers 1895-96 (Balbek-Huile sur toile 90x150cm.). Il peignit par la suite en 1898, la fameuse visite de l'empereur allemand Guillaume II au port de Beyrouth après son pélerinage à Jerusalem. A la suite de cette visite, l'empereur envoya une délégation en vue de restaurer les temples délaissés pendant des siècles. Tellement réussi que le tableau a été éxécuté en plusieurs exemplaires pour satisfaire sa clientèle. (Huile sur toiles environ 74x135cm.)

Enfin Michel Fani, dans son dictionnaire lui attribue une vue générale de Ras Beyrouth (Huile sur toile 70x200cm.), non signée. Il parait que ce tableau avait été accroché pendant plus de 50 ans dans l'entrée du fameux "Hôtel D'Orient" devenu par la suite "Bassoul" à Zeitouni. Quant au Dr. Maha Azizé Sultan, dans l'introduction de son livre "Des Pionniers de l'Art Plastique au Liban, Corm, Srour, Salibi, 1870-1938 (Ed. Kaslik - 2006), elle lui attribue une vue globale de Beyrouth avec en premier plan la "Forêt des Pins" (Al Horch) et un autre tableau traitant du passage de deux destroyers ottomans, nouvellement achetés et venus en visite dans les eaux de Beyrouth. Malheureusement, "l'École Marine" est fort peu documentée et mal répertoriée, surtout que ses membres n'ont pas été prolifiques.

Beaucoup de leurs oeuvres ont disparu, probablement à cause des intempéries, du matériel utilisé, de la méconnaissance des moyens de conservation et surtout de la sous-estimation de leur valeur par leurs propriétaires. Pour plus d'infos sur Serbai et "l'École Marine, prière visiter le site: www.ibrahim-serbai.com.

Réception de Guillaume II au Port de Beyrouth Huile sur toile 134x74cm (Tableau du Port de Beyrouth)

Baalbeck Huile sur toile 150x90cm (Collection Eddy Sfeir)